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Leur société
Vol Rio-Paris : lenteurs de la justice
Le parquet général vient de requérir une condamnation pour homicide involontaire contre Airbus et Air France dans un procès en appel. Il revient sur la catastrophe du vol AF447 Rio-Paris, qui s’était abîmé dans l’Atlantique avec ses 216 passagers et 12 membres d’équipage, le 1er juin 2009. Il n’y avait eu aucun survivant.

Au lendemain de cet accident, le plus meurtrier de toute l’histoire du transport aérien en France, la compagnie avait évoqué des erreurs de pilotage, les mis en cause ne pouvant plus la contredire. Mais bien vite des navigants et des spécialistes avaient pointé comme cause possible du drame le givrage des sondes Pitot en haute altitude. Ces sondes, qui donnent la vitesse de l’avion, permettent aux pilotes de contrôler leur trajectoire. De semblables dysfonctionnements s’étaient déjà produits, qui avaient donné lieu à de brusques décrochages de certains vols. Leurs équipages l’avaient bien sûr signalé, mais sans qu’Airbus et Air France prennent toutes les dispositions nécessaires : d’abord en informant d’urgence les équipages ayant à piloter des avions munis de telles sondes, et surtout en changeant au plus vite cet élément crucial pour la sécurité des vols.
Malgré cela, un premier procès, le 17 avril 2023, avait abouti à la relaxe du constructeur aéronautique et de la compagnie aérienne. Cette fois, le ministère public a tenu à affirmer que les pilotes « ne sont en rien responsables de cet accident ». Les deux avocats généraux ont même qualifié d’« indécente » la ligne de défense d’Airbus et d’Air France qui, imperturbables, ont continué à prétendre avoir tout fait pour assurer la sécurité des passagers et des membres d’équipage.
Cela étant, le jugement ne sera rendu que dans quelques mois. Les familles des victimes, qui ont déjà attendu plus de seize ans, vont devoir encore patienter. D’ici là, des anges gardiens de ce système, où la course au profit prime sur tout, vont sans doute s’employer à obtenir que la justice se montre clémente pour ces deux géants du ciel. De toute façon, en tant que personnes morales, ceux-ci n’encourent pas plus qu’une amende de 225 000 euros. Même pas 1 000 euros pour chacune de leurs victimes !