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Espagne : après les élections
Dimanche 26 juin, l’Espagne a connu de nouvelles élections générales, six mois après celles de décembre. Six mois de tractations et de discussions entre les partis qui se partagent les sièges n’avaient pas conduit à la constitution d’un nouveau gouvernement.
Le Parti populaire (PP) de droite, toujours conduit par Mariano Rajoy, au pouvoir depuis 2011, est arrivé en tête et a regagné des voix, passant de 7,2 millions (28,7 %) à 7,9 millions (33 %). Il améliore légèrement son score par rapport au vote de décembre, qui avait été particulièrement catastrophique. Mais, avec 137 sièges, il est loin de la majorité de 176 sièges.
Les voix que le PP récupère viennent sans doute en partie des pertes de voix de Cuidadanos (Citoyens) de centre-droit qui avait fait son apparition en décembre et qui perd 400 000 voix.
Podemos et Izquierda Unida (IU), regroupement qui comprend le Parti communiste, avaient fait alliance sous le nom de Unidos-Podemos. Leur objectif de passer devant le Parti socialiste (PSOE) a échoué.
Le total des voix rassemblées par Podemos et IU baisse fortement, puisque les deux cumulaient près de six millions de voix et n’en obtiennent que cinq millions.
Quant au PSOE, il stagne à 5,4 millions de voix mais obtient toutefois plus de députés que Unidos-Podemos, avec 85 députés.
Voici ce qu’écrivaient nos camarades de Voz Obrera dans l’éditorial des bulletins d’entreprise diffusés au lendemain des élections :
« Au contraire de ce que beaucoup pensent, l’électorat ne s’est pas droitisé. Il n’a simplement pas vu de solutions réelles aux problèmes du chômage, de la précarité, des inégalités... La démobilisation sociale et ouvrière, provoquée aussi par les illusions électoralistes de changement à travers les institutions, permet à la droite de respirer et lui maintient la possibilité de gouverner, mais dans l’instabilité.
La perte de plus d’un million de votes d’Unidos-Podemos est le résultat le plus significatif des élections. Le PSOE, bien qu’il résiste, perd plus de cent mille votes. En Andalousie, il perd la majorité et le PP l’emporte. L’abstention a été significative : plus de 10,8 millions de votants sur les 35 millions d’inscrits soit sont restés à la maison, soit ont voté blanc ou nul. Un million et demi de plus qu’aux élections du 20 décembre !
La droite de Rajoy recueille le vote de la peur et concentre derrière elle une part du vote qui s’était porté en décembre sur Ciudadanos.
Les illusions cultivées par la gauche, dans la propagande et les enquêtes, se sont révélées être des tromperies. Tout n’est pas télévision, presse et réseaux. Ce qu’ont montré ces élections, c’est le ras-le-bol et une certaine désillusion vis-à-vis des politiciens, de leurs manœuvres, pactes et stratégies. La dérive de Pablo Iglesias, le dirigeant de Podemos, et de son parti vers la droite, tentant de gagner l’électorat socialiste, a obtenu tout le contraire. La perte d’un million de voix montre que l’opportunisme, le réformisme électoraliste, faisant croire que dans le cadre des institutions on peut changer réellement les choses, a provoqué à la fois la démobilisation sociale et la désaffection de milliers de votants.
Le vrai changement, le changement social ne peut pas venir des institutions d’État, qui ne sont qu’un mécanisme pour maintenir les affaires et le pouvoir des grandes entreprises et de la grande bourgeoisie. Le changement viendra de la lutte de la classe ouvrière ou il ne viendra pas. »