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Dans le monde
Portugal : un an de gouvernement de gauche
Le gouvernement socialiste d’Antonio Costa, soutenu par le Parti communiste et le Bloc de gauche, dirige le Portugal depuis le 26 novembre 2015.
Il a réussi jusqu’ici à gouverner avec la bénédiction de l’Union européenne et du patronat, mais sans s’aliéner les couches populaires par de nouvelles mesures d’austérité. Les travailleurs portugais restent pourtant parmi les plus mal lotis d’Europe.
Costa avait promis de mettre fin à l’austérité imposée précédemment par la droite, qui avait en particulier réduit et gelé la plupart des salaires des fonctionnaires et des retraites. Il a autorisé à nouveau des augmentations, mais sans revenir sur la baisse passée ni restituer le pouvoir d’achat perdu. Il n’est pas revenu non plus sur la plupart des mesures antiouvrières.
Les retraites sont misérables. La pension de vieillesse et d’invalidité est de 263 euros. Avec une inflation officielle de 0,7 %, les augmentations seront minuscules. Pour compenser, Costa annonce pour août 2017 une augmentation exceptionnelle de 6 euros pour les pensions jusqu’à 275 euros par mois. Le leader du PC, Jeronimo de Sousa, réclamait 10 euros pour tous les retraités. Un Portugais sur trois est en dessous du seuil de pauvreté, 319 euros par mois.
Les salaires sont bas. Le smic est à 530 euros brut. La semaine de travail légale est de 40 heures. Bien des salariés ont dû se déclarer travailleurs indépendants, cotisant en principe eux-mêmes aux caisses de Sécurité sociale et de retraite. La précarité et les temps partiels frappent même la fonction publique. Costa propose de donner des CDI à 70 000 précaires de celle-ci, en septembre 2017.
Que ce soit pour les précaires ou pour les retraités, les améliorations sont donc pour l’avenir, et sans doute à condition que l’économie aille bien. Pour 2016, la croissance serait de 1,3 %, grâce en particulier au tourisme qui reflue des pays arabes ou du Maghreb. Mais beaucoup d’usines ont fermé. Si le chômage est passé de 16 % en 2013 à 11 % cette année (25 % pour les jeunes), c’est grâce à l’émigration de 500 000 jeunes. Chaque année, 110 000 travailleurs s’expatrient, entre autres des diplômés.
La droite privatisait à tout-va. Avec Costa, l’État est resté ou redevenu actionnaire majoritaire de la compagnie aérienne TAP et du métro de Lisbonne et Porto. Mais cela n’empêche pas les suppressions d’emplois. Il fait mine de s’en prendre aux riches, avec un nouvel impôt de 0,3 % sur les patrimoines immobiliers urbains de plus de 600 000 euros. Mais cet impôt remplace une taxe de 1 %, et par ailleurs la presse patronale salue dans le budget 2017 de nombreuses mesures « positives », comme l’extension aux grandes entreprises de mesures jusqu’ici réservées aux PME.
Aujourd’hui, les travailleurs portugais ne craignent plus à tout moment de nouveaux coups contre l’emploi, les revenus ou la santé, comme précédemment. Mais ils sont loin d’avoir retrouvé la situation d’avant la crise de 2008, situation qui n’était déjà pas des meilleures. Et, pour en finir avec le chômage et les bas revenus, ils ne pourront compter ni sur Costa, défenseur ouvert du système capitaliste, ni sur ses alliés du PC et du Bloc, bien utiles pour calmer les revendications populaires.