- Accueil
- Lutte ouvrière n°2937
- Antilles : contre la vie chère et pour la dignité !
Dans les entreprises
Antilles : contre la vie chère et pour la dignité !
Lundi 11 novembre, des centaines de personnes se sont retrouvées à l’aéroport Aimé-Césaire en Martinique, non pour accueillir le nouveau ministre des Outremers, François-Noël Buffet, mais pour venir à la rencontre des représentants du RPprac, rentrant de Paris.
La tournée de mobilisation des personnes originaires des territoires ultramarins vivant à Paris a été un succès. Dimanche 10 novembre, plusieurs milliers de personnes ont à nouveau répondu à l’appel du RPprac (Rassemblement pour la protection des peuples et des ressources afrocaribéens), relayé par des organisations ultramarines, à manifester à Paris pour dénoncer la vie chère outremer. De nombreux sportifs connus, Teddy Riner, Marie Jo Perec, Wendy Renard et bien d’autres, et des artistes, leur ont apporté leur soutien.
Cette lutte contre la vie chère est aussi une lutte pour la dignité. Elle prend sa source dans une situation marquée par les séquelles du colonialisme. L’enrichissement des gros possédants békés symbolisés par le plus riche d’entre eux, Bernard Hayot et son groupe GBH (groupe Bernard Hayot), en est un signe évident. Dans la mémoire collective resurgit inévitablement l’esclavage puis le colonialisme, et la longue liste de tueries de travailleurs en grève.
C’est dans ce contexte que le nouveau ministre des Outremers, François-Noël Buffet, a entamé ce même 11 novembre une visite de quatre jours en Martinique. L’un des objectifs de sa visite est de valider le protocole d’objectifs et de moyens de lutte contre la vie chère, signé le 16 octobre entre préfet, patrons de la grande distribution et élus. Il prévoit, à partir du 1er janvier 2025 et pour une période expérimentale de trois ans, une baisse des prix de 20 % en moyenne sur 6 000 produits de l’alimentation, très loin de la totalité des produits du secteur. Ladite baisse vient de la suppression de la taxe régionale d’octroi de mer et de la TVA sur ces produits et d’une compensation temporaire de l’État versée au titre de la continuité territoriale. Dans ce montage, les profits des gros possédants notamment, les gros békés de la place, ne sont même pas écornés !
Autant dire que la visite ministérielle est surtout faite pour conforter les gros possédants locaux dans le statu quo actuel leur permettant de continuer à se gaver. Elle vise peut-être aussi à rassurer les élus locaux menés par Serge Letchimy, le président du Conseil exécutif de la CTM. Après avoir joué les pompiers face aux mobilisations sociales, ceux-ci font mine de prendre en compte l’insatisfaction d’une partie de la population, en concoctant un vaste projet de loi sur la vie chère et le développement.
Tout cela est bien éloigné des intérêts des travailleurs et de la population pauvre. S’ils veulent arracher une réelle amélioration de leurs conditions de vie, de leurs salaires et allocations, ces derniers ont tout intérêt à continuer et renforcer leur lutte.