Espagne : cinq mineurs sacrifiés pour le profit16/04/20252025Journal/medias/journalnumero/images/2025/04/une_2959-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C7%2C1262%2C1644_crop_detail.jpg

Dans le monde

Espagne : cinq mineurs sacrifiés pour le profit

En Espagne comme ailleurs, depuis des semaines, on entend parler de Trump, de guerre commerciale, de terres rares… et « d’une annonce prometteuse » concernant la réouverture de plusieurs mines en Europe dont certaines dans le pays.

Ce plan viserait une prétendue autonomie de l’Europe vis-à-vis de ces minérais dits critiques. Lundi 31 mars, un accident dans la mine de Cerredo, dans les Asturies, a rappelé la réalité de ces plans dans lesquels les travailleurs du monde entier ne sont que de simples pions. Cinq mineurs sont morts et quatre autres sont gravement blessés, dans une explosion probablement due au grisou.

Manuel Moure est lui-même mineur et père d’un mineur décédé dans une autre mine de León en 2013 lors d’une autre explosion ayant fait six morts. Il raconte dans le journal El Español : « Rien n’a changé. La sécurité reste insuffisante, les politiciens viennent, se font photographier et ensuite ils oublient tout, après l’enterrement personne ne se souvient de rien. Nous enterrions mon fils et certains étaient déjà de retour à travailler à la mine. […] On nous promet des changements, de la justice, mais au final, tout est oublié. Mon fils est mort il y a douze ans et j’attends toujours le jugement. Cela fait deux ans que j’attends une décision judiciaire qui ne vient pas. […] Personne ne trouve de solutions, personne ne prend au sérieux la vie des mineurs. Nous ne sommes que des chiffres pour eux. […] Je ne suis jamais allé dans cette mine, mais d’après ce que j’entends, je peux l’imaginer, c’est encore une souricière où les personnes ne comptent pas. »

Avant l’accident de Cerredo, le dernier mort remontait à 2022. Chaque jour, deux personnes meurent au travail en Espagne, ce qui n’a rien d’une fatalité. Les mineurs de la zone de l’accident se demandent pourquoi l’explosion n’a pas été évitée. Pourquoi le grisoumètre n’a-t-il pas été utilisé ? Pourquoi la mine n’a-t-elle pas été correctement ventilée ? En réalité, ce sont les économies faites au nom du profit qui tuent.

Le travail dans les mines qui ouvriraient avec les plans européens ne se fera pas dans de meilleures conditions, au contraire. Les vieux mineurs sont inquiets au sujet des petites entreprises qui vont gérer ces mines, où les jeunes travailleurs peu expérimentés se retrouvent seuls sans syndicats, sans anciens sur qui compter pour travailler dans des conditions un minimum sécurisées.

Les projets de guerre et de conquête des ressources naturelles dans tel ou tel pays ne sont pas ceux des travailleurs. Se laisser berner par les projets d’une « Europe forte » ou par la peur des Russes, des Chinois ou encore de Trump ne mènera à rien. Les vies mises en jeu seront toujours celles des travailleurs, quelle que soit leur nationalité.

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