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Dans le monde
Gaza : un peuple assassiné
Plus de 43 000 morts en treize mois, dont 70 % sont des femmes et des enfants, selon un récent rapport d’un bureau de l’ONU. Tel est, pour l’instant, le bilan chiffré de la guerre menée par Netanyahou à Gaza.
Le massacre dans la bande de Gaza est pour l’instant concentré sur le nord. Le prétexte affiché par l’état-major, toujours le même, est que les miliciens du Hamas y seraient réfugiés. Les Gazaouis survivants qui parviennent à fuir le champ de ruines qu’est devenue cette zone, devant l’avancée des troupes israéliennes, ne seront pas autorisés à y revenir. Les militaires israéliens organisant et surveillant le déplacement forcé des Palestiniens, le terme de « nettoyage ethnique » n’est pas exagéré. Un porte-parole de l’armée a ajouté que l’aide humanitaire serait autorisée à pénétrer dans le sud du territoire, mais pas dans le nord où, prétend-il, « il n’y a plus de civils ».
Sinistre distinction ! La situation des Gazaouis est tragique pour tous. Dans ce champ de ruines aplaties, comme le décrit une humanitaire autorisée à y entrer, tous manquent de tout. Les deux hôpitaux plus ou moins encore en fonction dans le nord, Kamla Adwan et Al Awda, ont été bombardés ou ont vu leurs fournitures vitales bloquées. L’approvisionnement en vivres, et même en eau, fait gravement défaut, sans parler du carburant et de l’électricité. La famine menace à court terme les 400 000 habitants encore présents dans la zone, selon une estimation des Nations unies. Une des réfugiés dans le sud, avec sa famille, a témoigné n’avoir pas mangé depuis des jours : « Nous sommes venus pieds nus. Nous n’avons pas de sandales, pas de vêtements, rien. Nous n’avons pas d’argent. Il n’y a ni nourriture ni boisson. »
Ce siège renforcé, qui fait partie de l’offensive accentuée menée par Netanyahou depuis quelques semaines, a fait grimper d’un cran encore l’horreur vécue quotidiennement par la population gazaouie. De loin, les coresponsables à la tête de l’État américain ont fait mine de s’en émouvoir en donnant consigne à leurs alliés israéliens d’autoriser, avant le 13 novembre, le passage des quarante camions d’aide humanitaire bloqués aux frontières égyptienne et jordanienne. Les livraisons d’armes à l’État israélien risqueraient d’être suspendues… sinon. Une menace bien peu crédible. À la veille de la date fixée, l’ouverture d’un point de passage pour l’aide humanitaire a été annoncée par le gouvernement israélien.
L’annonce par le Qatar de la fermeture du bureau du Hamas de Doha et de l’arrêt de son rôle d’intermédiaire dans les négociations pour un cessez-le-feu est-elle, comme le prétendent des commentateurs, une façon de faire pression sur les dirigeants des grandes puissances pour qu’ils pèsent davantage dans ce sens sur le gouvernement de Netanyahou ? Il faudrait être naïf pour attendre de l’impérialisme qu’il s’en prenne volontairement à un allié qui s’est montré si précieux pour le maintien de sa domination au Moyen-Orient.