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Haïti : l’étreinte des gangs se resserre
L’article suivant est extrait du mensuel La Voix des Travailleurs édité par l’Organisation des travailleurs révolutionnaires (OTR-UCI).
Les tirs sur un hélicoptère de l’ONU survolant le quartier de Gran- Ravine, un quartier contrôlé par le chef de gang « Tilapli » jeudi 24 octobre, les perturbations des vols internationaux, l’attaque de deux véhicules blindés de l’ambassade américaine le 21 octobre battent en brèche les mensonges de la diplomatie internationale et des autorités haïtiennes sur une amélioration de la situation sécuritaire du pays. Par ces actes, les gangs rappellent que ce sont eux les maîtres des lieux.
Il n’y a pas si longtemps, le secrétaire d’État américain, le gouvernement kényan et même des officiels haïtiens parlaient d’avancées dans les luttes contre les gangs. Ils donnaient en exemple la réouverture de l’aéroport international de Port-au-Prince et une certaine accalmie qui régnait. Des propos qui contredisaient le ressenti de la population mais qui avaient pour but de camoufler leur échec cuisant devant les gangs.
La réalité est que les ambassades occidentales, les classes possédantes et leur caste politique se fichent de la détérioration de la situation en Haïti. Dans la boue, dans le sang, ils continuent d’engranger des plus-values aux côtés des bandes criminelles. Aussi cruels soient-ils, ces gangs ne mettent pas leur système d’exploitation en question.
Ces derniers n’ont, depuis plusieurs années, concédé aucun pouce de terrain. Les territoires conquis, même vides, sont tenus et considérés comme des chasses gardées surveillées militairement. Quiconque s’y aventure est repoussé. Le Conseil présidentiel peut en témoigner. En deux occasions, les conseillers ont essayé de s’approcher du Palais national, à chaque fois, ils ont été forcés de rebrousser chemin sous les tirs nourris des gangs. Les riverains qui ont tenté de retourner dans leurs maisons dans certains quartiers sont attaqués pendant la nuit, ceci pour leur signifier qu’ils ne sont pas les bienvenus.
Si les périodes dites d’accalmie permettent à la population de souffler, pour les gangs c’est le moment de procéder à la revue de leurs troupes, de se renforcer en armes et en nombre avant de planifier de nouvelles attaques pour conquérir de nouveaux territoires.
Le 17 octobre, alors que les paillassons du Conseil présidentiel et ceux du gouvernement de Gary Conille s’étripaient à cause de l’appât du gain et du pouvoir, la coalition des gangs criminels, « Viv Ansanm » a lancé une grande offensive sur les derniers quartiers ou communes du département de l’Ouest qui échappent encore à leur contrôle. Dans leur ligne de mire, les quartiers de Solino, Tabarre 27, la commune de l’Arcahaïe etc. avant d’attaquer les communes de Pétion-Ville et du haut Delmas pour boucler la conquête totale du département de l’Ouest et de la capitale.
Devant l’irresponsabilité, la passivité, la lâcheté du gouvernement et de ses corps de sécurité, les masses populaires ont à se réinventer pour écrire une nouvelle page dans leurs luttes contre l’oppression et l’exploitation. Elles peuvent et doivent le faire en créant, secrètement, leurs comités de lutte.