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Israël : un député antiguerre suspendu
Oler Cassif, député du Parti communiste, a été suspendu du Parlement israélien, la Knesset, pour six mois par la commission d’éthique de cette assemblée pour avoir dénoncé la barbarie de la guerre menée par l’armée israélienne à Gaza.
Lorsque la Knesset a voté le 28 octobre à la presque unanimité l’interdiction de l’UNRWA (l’agence de l’ONU venant en aide aux Palestiniens), Cassif a fait partie des dix députés ayant voté contre cette décision. Les neuf autres étaient les députés arabes de la Knesset : quatre de la coalition du Parti communiste et cinq de la « liste arabe unie ».
L’exclusion d’Oler Cassif avait déjà été demandée en février, à l’initiative d’un député du groupe « Israël notre maison », parti officiellement dans l’opposition à Netanyahou. La raison invoquée alors était qu’il avait soutenu la plainte déposée à l’échelle internationale par le gouvernement sud-africain contre les massacres perpétrés à Gaza. Il avait alors manqué 5 voix sur 90 pour atteindre les trois quarts de voix nécessaires à son exclusion.
Maintenant que celle-ci est effective, ce député affirme : « Mes déclarations politiques contre l’occupation, le nettoyage ethnique, les crimes de guerre et le génocide commis par le gouvernement israélien à Gaza – dont le monde entier est témoin – sont parfaitement fondées. »
Cette exclusion intervient alors que le 5 novembre, Netanyahou a limogé son ministre de la Défense, Yoav Gallant. Ce dernier a reçu immédiatement un soutien des dirigeants des quatre partis prétendant représenter l’opposition au gouvernement. Yoav Gallant est du même parti que Netanyahou, le Likoud, et les désaccords affichés avec son Premier ministre concernent la marche de la guerre, dont Gallant en tant que ministre de la Défense a assumé jusqu’à présent toutes les étapes. C’est d’ailleurs Gallant qui, au lendemain du 7 octobre 2023, avait dit à propos des Palestiniens : « nous combattons des animaux humains ».
Parmi les dirigeants venus soutenir Gallant, on trouvait le chef du Parti travailliste, Yaïr Golan, et le chef du parti « Israël notre maison », Avigdor Liberman connu pour avoir appelé, il y a quelques années, à « décapiter à la hache les Arabes israéliens infidèles à Israël ». Telle est l’opposition parlementaire officielle à Netanyahou, avec laquelle s’affiche le chef du Parti travailliste et qui comprend des dirigeants pas moins réactionnaires, va-t-en-guerre et anti-arabes que le gouvernement et ses alliés d’extrême droite.
Alors que l’échiquier politique israélien est ainsi orienté vers l’extrême droite, les voix antiguerre, comme celle d’Oler Cassif ou encore celles des 130 réservistes qui ont signé récemment une pétition disant qu’ils ne retourneraient pas dans leur unité, sont très isolées. Elles n’en sont pas moins le seul gage d’avenir.