Jours fériés : pas un de trop13/11/20242024Journal/medias/journalarticle/images/2024/11/P3-1_paresse_OK_Lupo.jpg.420x236_q85_box-0%2C9%2C774%2C444_crop_detail.jpg

Leur société

Jours fériés : pas un de trop

Le ministre de l’Économie, des Finances et de l’Industrie, Antoine Armand, propose de supprimer un jour férié.

Illustration - pas un de trop

« L’objectif doit être d’accroître le nombre d’heures travaillées sur l’année, pour pouvoir financer notre modèle de protection sociale auquel nous tenons tous » a déclaré le ministre au journal Les Echos. Son acolyte, Laurent Saint-Martin, ministre chargé du Budget, renchérit : « Travailler davantage pour participer à l’effort de redressement va dans le bon sens. » Le Sénat avait pour sa part publié en septembre un rapport proposant la même solution pour « reconstruire le modèle des Ehpad », ce qui aurait rapporté selon les rédacteurs 2,4 milliards d’euros. La chasse aux jours fériés est donc ouverte.

On sait que certains osent tout, mais il faut avoir un culot de ministre pour affirmer qu’on ne travaille pas assez quand des plans de licenciements en série sont annoncés et que des travailleurs doivent se battre pour ne pas être privés d’un emploi et d’un salaire qu’ils voudraient bien conserver. Quant à travailler plus, toutes celles et ceux qui doivent se contenter d’un salaire au rabais parce que leur patron les oblige à travailler à temps partiel ne demanderaient pas mieux. Et que dire de tous les endroits où il manque du personnel, hôpitaux, usines ou bureaux ? Il suffirait d’y embaucher autant que nécessaire pour augmenter ce fameux nombre d’heures travaillées dans le pays qui tient tant à cœur aux ministres. Le gouvernement se garde bien de le faire dans les services publics et reste complice des patrons ailleurs. Ses ministres s’emploient en revanche à mener contre les chômeurs qui, disent-ils, ne voudraient pas travailler, une campagne parallèle à celle développée sur les salariés qui ne travailleraient pas assez.

D’ailleurs, de quel modèle de protection sociale parle Antoine Armand ? Est-ce celui où des patients attendent des heures sur un brancard aux Urgences, celui où les files d’attente s’allongent aux Restaurants du cœur, où les habitants des grandes villes en rentrant chez eux voient des sans-abri dormant à même le sol, et où des retraités sont obligés de compléter leur maigre revenu en distribuant des prospectus ?

Ce n’est pas à ceux qui s’usent déjà au travail de trimer davantage. Si le gouvernement cherche de l’argent, qu’il le prenne dans la poche de ses amis, licencieurs et profiteurs capitalistes, seuls responsables du déficit budgétaire et du démantèlement des services publics. Les 73 milliards de dividendes que les 40 plus riches d’entre eux ont versés aux actionnaires en 2023 vont bien au-delà de ce que prétendent récupérer Barnier et ses ministres en supprimant un jour férié.

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