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- Lutte ouvrière n°2937
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Dans les entreprises
SNCF-Technicentre – Rennes : cadence olympique
Dans les Technicentres Industriels (TI) de la SNCF, les carnets de commandes sont remplis pour les dix prochaines années.
Fin septembre, au TI de Rennes, la direction réunissait tous les travailleurs du site. Les objectifs avaient été atteints pendant les JO mais il était hors de question pour elle de relâcher la pression.
En effet, la pression est bien là. Depuis l’an dernier, le Technicentre recrute, mais le volume de travail augmente bien plus vite que les embauches. Le travail est régulièrement chronométré pour faire la « chasse aux coûts », comme ils disent. Selon les postes, les cadences peuvent augmenter de 25 à 300 %.
Comme chaque travailleur le sait, on ne peut demander de travailler plus vite pour le même résultat, et donc la qualité s’en ressent. C’est un problème dans ce Technicentre qui répare les systèmes de freinage des trains pour l’ensemble du pays. Cette année plusieurs épisodes auraient pu devenir de graves accidents ferroviaires. Mais, pour la SNCF, la faute en est aux ouvriers, il ne faut surtout pas mettre en cause la cadence qu’elle impose.
Pourtant, cette cadence pose problème. Entre janvier et septembre, la direction a déclaré une quinzaine d’accidents du travail, et ce, malgré toutes les pressions qui existent pour que ceux-ci soient dissimulés. Quand ce ne sont pas les accidents, ce sont les arrêts maladie longue durée. Il est fréquent de voir partir un ouvrier qui, passé 50 ans, ne peut plus encaisser le rythme. Il part se soigner, sans savoir quand il reprendra le travail, ni quel travail il aura à l’avenir.
La direction a affiché avec cynisme l’objectif d’un maximum de six accidents par an. Pour l’atteindre, elle a mené l’enquête et découvert… que les intérimaires sont les plus touchés par les accidents du travail. Chacun sait que ce sont ceux qui subissent le plus l’exploitation et c’est bien elle qui est responsable des accidents.
Comme n’importe quelle entreprise, la SNCF parle quotidiennement de la concurrence et y adapte son vocabulaire. Pour désigner un autre atelier, elle ne parle pas de collègues cheminots, mais de « clients ». Elle dit que si ceux du TI de Rennes n’acceptent pas les cadences, le travail dans les produits chimiques et le bruit, alors ils pourraient perdre leur travail au profit d’un autre Technicentre, ou pire « d’une entreprise concurrente ». Dans la plupart des cas, ce serait en fait la même SNCF prise par un autre bout.
Ce chantage ne sert en vérité qu’à augmenter les profits de la SNCF. Peu lui importe au fond que des travailleurs se blessent, ou même qu’un train ne puisse plus freiner correctement…