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- Lutte ouvrière n°2938
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Afrique du Sud
mineurs assiégés par la police
Des milliers d’ouvriers sont assiégés depuis plus d’un mois par la police, dans un complexe minier de Stilfontein, au sud-ouest de Johannesburg, en Afrique du Sud. Le gouvernement leur reproche d’essayer d’extraire illégalement de la poussière d’or de cette mine abandonnée.
En effet, des milliers de mines sont à l’abandon car, après en avoir extrait le maximum de richesses, la bourgeoisie sud-africaine et les trusts miniers internationaux en ont cessé l’exploitation. Un demi-million de travailleurs sont encore employés dans les 550 mines en activité. Mais environ 100 000 autres mineurs tâchent de faire vivre leur famille en prenant le risque de descendre dans des galeries abandonnées.
Ils sont la cible des compagnies minières qui n’apprécient pas que le sous-sol de leurs propriétés puisse être exploité, même lorsqu’elles le laissent en friche, sans qu’elles en tirent de bénéfices. Ils sont aussi dans le viseur de l’État, qui agit comme le bras armé de ces compagnies. C’est d’ailleurs le rôle qu’il avait assumé en 2012 en envoyant sa police tuer 34 mineurs en grève à Marikana.
Aujourd’hui, pendant qu’au G20 à Rio de Janeiro, le président sud-africain Ramaphosa fait mine de se préoccuper des pauvres en implorant les autres dirigeants du monde de « redoubler leurs efforts pour éliminer la pauvreté et la faim dans le monde », il menace les mineurs dans son propre pays.
Cyril Ramaphosa – jadis secrétaire du syndicat des mineurs et qui gouverne actuellement au nom de l’ANC, le parti nationaliste arrivé au pouvoir après avoir dirigé la lutte contre le régime raciste d’apartheid – a déclaré : « La mine de Stilfontein est une scène de crime où est commis le délit d’exploitation minière illégale. La police a pour habitude de sécuriser les lieux du crime et de bloquer les voies d’évacuation qui permettent aux criminels d’échapper à l’arrestation. »
C’est ainsi qu’un millier de mineurs qui ont fait surface au cours des dernières semaines ont déjà été arrêtés. Les autres, au moins autant et peut-être deux, trois ou quatre fois plus nombreux, se cachent dans les galeries. Ceux des mineurs qui n’ont pas la nationalité sud-africaine craignent non seulement la prison mais également la déportation hors du pays. Tous sont assiégés par la police qui contrôle les issues de la mine en surface. Ils ont faim et soif. Leurs familles, qui cherchent à leur apporter des vivres, sont repoussées par la police. Une des ministres de Ramaphosa a été directe : « Nous n’allons pas envoyer d’aide à ces criminels. Nous allons les enfumer pour qu’ils sortent et qu’ils soient poursuivis par la justice. »
Entre la classe ouvrière et les intérêts de grands groupes miniers, l’État sud-africain et sa direction ANC ont choisi depuis longtemps.