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Leur société
Bilan de Strauss-Kahn au FMI : Pas mieux que les autres
En marge des articles consacrés aux démêlés de Strauss-Kahn avec la justice américaine, la presse ne craint pas de multiplier les hommages à son bilan à la tête du Fonds monétaire international. Ce dernier serait devenu grâce à lui plus démocratique, plus humain, aurait retrouvé une « nouvelle jeunesse » et acquis une « nouvelle légitimité ». Et c'est tout juste si ce n'était pas grâce à lui que l'Europe et le monde seraient sortis de la crise, et que la Grèce, l'Irlande et aujourd'hui le Portugal auraient échappé à la catastrophe.
Faire de Strauss-Kahn - et du FMI - le sauveur des peuples, il faut oser ! Quand il a été nommé directeur général du FMI, grâce au soutien de Sarkozy et des grands États européens et avec l'accord des États-Unis, et après une campagne auprès des pays membres promettant une réforme de l'institution, cette dernière, qui avait vu son activité de prêts aux pays en difficulté se ralentir, traversait effectivement une mauvaise passe financière. Elle affichait même un déficit de 200 millions de dollars. En fait de réforme, l'une des premières actions de Strauss-Kahn au FMI fut d'annoncer le licenciement de 400 personnes, soit 15 % du personnel de l'institution.
Quant à sa démocratisation promise, elle a accouché d'une souris. Sous l'égide de Strauss-Kahn, le FMI s'est borné à donner un peu plus de droits de vote à de grands pays dits émergents, comme la Chine et le Brésil, mais pas au point de menacer la domination des riches États impérialistes sur l'institution - et en premier lieu celle des États-Unis, dont le droit de veto sur toutes les décisions n'a pas été remis en cause.
Avec l'éclatement de la crise bancaire et financière à partir de 2007, à défaut d'une nouvelle jeunesse, le Fonds fut remis à flot lors de la réunion du G20 en avril 2009 à Londres, qui lui ouvrit un crédit de 750 milliards de dollars destinés à renflouer en urgence, sous forme de prêts, les budgets des États européens menacés de faillite par la crise bancaire.
Depuis la nomination de Strauss-Kahn, le FMI est ainsi intervenu successivement, seul ou en coopération avec l'Union européenne, en Hongrie, en Lettonie, en Roumanie, en Ukraine, en Islande, en Grèce, en Irlande, et maintenant au Portugal. Avec à chaque fois, en contrepartie des prêts et pour garantir leur remboursement, la mise en place de plans d'austérité drastiques imposés aux populations, et d'un pays à l'autre les mêmes recettes : baisse du salaire des fonctionnaires, recul de l'âge de la retraite, baisse des pensions, privatisation des services publics, augmentation des impôts indirects, coupes claires dans les budgets de l'éducation et de la santé... De quoi plonger dans la misère des populations déjà appauvries par la crise.
En venant au secours des États surendettés, ce sont en fait les banques européennes - britanniques, allemandes, françaises, espagnoles... - créancières de ces États que le FMI comme les États européens veulent sauver. Mais ce sont les peuples qui paient la note. Avec Strauss-Kahn, rien n'a changé : comme ses prédécesseurs au FMI, il a fait payer les pauvres pour enrichir les banques.