Droits de douane : l’irresponsabilité d’un système et de ses dirigeants09/04/20252025Journal/medias/journalarticle/images/2025/04/P16-1_Guerre_economique_echiquier_OK_Lupo.jpg.420x236_q85_box-247%2C0%2C1049%2C452_crop_detail.jpg

Leur société

Droits de douane : l’irresponsabilité d’un système et de ses dirigeants

La guerre commerciale déclarée par Trump au monde entier provoque de multiples réactions, tant dans les pays visés par les énormes droits de douane, qu’aux États-Unis, où certains grands patrons ont critiqué ces annonces.

Illustration - l’irresponsabilité d’un système et de ses dirigeants

Les dirigeants de plusieurs grandes banques se sont démarqués, inquiets de l’instabilité entraînée par la brutalité avec laquelle Trump a décidé d’agir. Pour Larry Fink, le patron du puissant fonds BlackRock, « c’est une grave erreur politique », tandis que le PDG de JP Morgan redoute « l’impact sur les investissements et les flux de capitaux ». En réponse, Trump leur demande de garder le contrôle de leurs nerfs devant la chute des Bourses en leur jetant « Ne soyez pas faibles ! » et en leur faisant la leçon : « C’est le bon moment pour devenir riche. »

Depuis des années, des tendances au protectionnisme existent dans une économie mondiale marquée par la crise, les marchés limités et saturés alors que les capitaux s’accumulent en quantité toujours plus grande. Dans ce contexte, tous les gouvernements ont pris au coup par coup des mesures protectionnistes pour défendre leurs capitalistes nationaux contre leurs rivaux. L’Union européenne, victime aujourd’hui des taxes américaines, a instauré par exemple une taxe de 35 % sur les voitures électriques chinoises.

Mais Trump et la fraction de la bourgeoisie américaine qui lui a permis d’accéder au pouvoir semblent avoir décidé d’amplifier et d’accélérer cette évolution. Lorsque le chef de l’État le plus puissant décide qu’il imposera arbitrairement des droits de douane de 20, 30 voire 50 % et plus à l’entrée de produits sur le marché américain, c’est une façon d’imposer à tous de nouvelles règles du jeu.

Cela peut paraître surprenant car la bourgeoisie américaine est déjà la plus puissante et la méthode employée pourrait provoquer un krach boursier. Visiblement, Trump et ceux qui l’entourent sont prêts à prendre de tels risques. Ils savent que le capitalisme américain est dominant et que dans ce système économique fou, dans les crises, les soubresauts et les guerres économiques, les plus gros absorbent les plus petits. Ils estiment que leur protectionnisme agressif, comme leur détermination à prendre le contrôle de ressources ou de voies commerciales stratégiques, vont leur permettre d’établir de nouveaux rapports de force sur le long terme avec leurs rivaux.

Bien sûr, ce faisant, Trump et ceux qui le soutiennent jouent les apprentis sorciers. Ils prennent le risque de déclencher une crise plus grave encore et peut-être une guerre mondiale. Ils savent que cela va plonger des millions de travailleurs, aux États-Unis et ailleurs, dans la pauvreté avec l’envolée des prix et les fermetures d’usine. Ils savent que les droits de douane imposés à des pays comme Madagascar ou le Bangladesh provoquent la faillite de milliers d’entreprises, le chômage et la misère pour des centaines de milliers de familles. Mais de tout cela, ils se contrefichent.

L’irresponsabilité à l’égard de la société et la devise « après-moi le déluge » caractérisent toutes les décisions des dirigeants de la société capitaliste dans tous les domaines. Les grands patrons qui font aujourd’hui la leçon à Trump, ceux de BlackRock ou de JP Morgan, sont tout aussi irresponsables quand ils spéculent sur le cours des denrées alimentaires ou qu’ils manœuvrent sur tous les continents pour accéder à telle ou telle ressource naturelle. Ces cannibales applaudiront si Trump réussit son coup.

Dans tous les cas, que Trump persiste dans sa politique ou qu’il l’atténue sous la pression d’une fraction de la grande bourgeoisie américaine, cette intensification de la guerre commerciale sera payée par les travailleurs du monde entier et marque un pas de plus vers la guerre tout court.

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