Birmanie : la population victime du séisme et de l’impérialisme02/04/20252025Journal/medias/journalarticle/images/2025/04/Birmanie.jpg.420x236_q85_box-0%2C9%2C642%2C370_crop_detail.jpg

Dans le monde

Birmanie : la population victime du séisme et de l’impérialisme

Vendredi 28 mars, un violent séisme a touché la Birmanie, ainsi qu’une partie de la Thaïlande. Les dégâts sont très importants et le nombre de victimes ne cesse de monter, dépassant 2 000 morts.

Illustration - la population victime du séisme et de l’impérialisme

Routes et ponts ont été coupés par le tremblement de terre, rendant l’acheminement de l’aide très difficile, en l’absence d’engins de déblaiement. Dans de nombreux endroits, la population est contrainte de se débrouiller seule, et doit dégager les corps enfouis dans les décombres à la main. Le bilan risque de s’alourdir des victimes de la crise sanitaire qui va suivre le séisme.

Déjà avant la catastrophe, près de quinze millions de Birmans, soit un tiers de la population, étaient menacés de famine. Le pays se classe 161e pour son PIB par habitant. Pourtant, ce pays a été le paradis des trusts mondiaux dans les années 2000 et jusqu’au coup d’État de 2021. On peut citer les groupes Accor, Lafarge, et surtout les grandes marques internationales du textile, pour qui travaillent des centaines de milliers d’ouvrières dans des conditions dignes du 19e siècle. TotalEnergies y a exploité un immense gisement de gaz jusqu’en 2022. Ces grands groupes entretenaient d’excellentes relations avec les militaires, qui s’enrichissaient grâce aux parts détenues dans toutes les entreprises faisant des affaires dans le pays.

À la fin des années 1990, la dictature opéra une certaine libéralisation, toute relative, de l’économie. Les entreprises publiques furent privatisées, mais les militaires conservèrent une grande partie des capitaux. Ils mirent en avant une façade plus démocratique, en appelant l’ancienne opposante Aung San Suu Kyi au pouvoir, rôle qu’elle accepta bien volontiers. Mais ces timides changements étaient encore de trop, et en 2021, la junte mit fin à la comédie. Elle fit arrêter Aung San Suu Kyi, et reprit le pouvoir brutalement. Seulement cette fois, elle se heurta au soulèvement d’une grande partie de la population, en particulier ouvrière. La répression fut un bain de sang, à tel point que les grandes puissances se sentirent obligées de prendre leurs distances avec le régime. Elles décidèrent de sanctions : gel des avoirs des militaires à l’étranger, et surtout restrictions des exportations vers la Birmanie et gel de l’aide financière. Toutes ces mesures, si elles ont eu peu d’impact sur la junte, ont en revanche touché de plein fouet la population. Bien avant le séisme, les hôpitaux du pays manquaient déjà de tout. Aujourd’hui, la situation est aggravée par le fait que des régions entières sont aux mains de guérillas, et le pouvoir central n’y met pas les pieds. Il a même continué à bombarder les zones rebelles dans les jours qui ont suivi le séisme.

Les grandes puissances, qui poussent aujourd’hui des cris d’indignation, sont largement responsables de la situation catastrophique dans laquelle est plongée la population birmane.

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