Pénurie de médicaments : une drogue pour les dividendes02/04/20252025Journal/medias/journalnumero/images/2025/04/une_2957-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C7%2C1265%2C1644_crop_detail.jpg

Leur société

Pénurie de médicaments : une drogue pour les dividendes

L’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) vient de publier une étude sur les pénuries de médicaments, en augmentation sans précédent depuis 2017.

À l’hiver 2022-2023, on a atteint des records avec près de 1 500 médicaments en rupture de stock. Au premier rang de ceux-ci, on trouve des médicaments « d’intérêt thérapeutique majeur ». Ils sont définis par l’ANSM comme ceux dont une interruption de traitement peut mettre en jeu le pronostic vital à court ou moyen terme ou représenter ce que les médecins appellent une « perte de chance » importante. Ces pénuries, qui touchent aussi bien des antibiotiques que des anticancéreux ou des médicaments psychiatriques, sont donc un véritable problème de santé publique. Le dernier de ces médicaments en rupture de stock est un médicament essentiel en psychiatrie, la quétiapine.

En 2021 ces pénuries avaient amené le gouvernement à exiger des laboratoires pharmaceutiques qu’ils préviennent en amont l’ANSM du risque de rupture de stock et que pour les médicaments d’intérêt thérapeutique majeur, un stock de sécurité d’au moins deux mois soit constitué. Cette obligation était loin d’être respectée et en septembre 2024, l’ANSM a condamné 11 laboratoires pharmaceutiques à une amende de 8 millions d’euros. Le LEEM, organisation patronale, s’était bien sûr indigné de ces amendes et de la « tonalité particulièrement accusatrice » du communiqué de l’ANSM.

Aujourd’hui, l’ANSM se félicite car la pénurie serait en diminution, n’ayant concerné que 939 médicaments en 2024 au lieu de 1 500 à l’hiver 2023. C’est certes une baisse mais le problème reste entier et l’urgence de combattre le risque sanitaire toujours aussi grande. L’ANSM est malheureusement bien impuissante à obliger les trusts pharmaceutiques, pour qui la seule urgence est celle d’enrichir leurs actionnaires, à modifier leurs priorités de production pour éviter toute pénurie.

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