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Leur société
Discriminations : les recommandations de Trump
L’ambassade américaine a écrit aux entreprises françaises susceptibles de répondre à des appels d’offres publics aux États-Unis, leur demandant de s’engager à respecter la nouvelle réglementation instaurée par Trump.
Sous l’appellation mensongère de « lutte contre la discrimination », Trump a supprimé les quelques protections qu’avaient obtenues des minorités américaines, en particulier les Noirs, telles que la « discrimination positive ». Mise en place à partir des années 1950 sous la pression des luttes massives pour l’égalité, elle permettait à certains d’entre eux d’accéder à des études et à des emplois dont ils étaient exclus. Elle avait été étendue depuis à d’autres catégories de la population et est aujourd’hui la cible de la croisade raciste et misogyne de Trump.
Les entreprises françaises destinataires du courrier doivent s’engager à « n’opérer aucun programme faisant la promotion de la Diversité, de l’Équité et de l’Inclusion (DEI) ». Une directive similaire a été envoyée par les autorités américaines dans d’autres pays européens. Au fond, elle vient à l’appui de l’offensive protectionniste des États-Unis : elle pourrait favoriser des capitalistes américains en excluant des entreprises européennes accusées de favoriser la « DEI ».
« On ne peut pas s’incliner, nous avons des valeurs », a réagi le président du Medef Patrick Martin, tandis que le ministère du Commerce extérieur dénonçait « les ingérences américaines dans les politiques d’inclusion des entreprises françaises ». D’autres patrons, cités par le journal Les Échos, sont plus sincères : « Les entreprises qui ont d’énormes contrats [aux États- Unis] ne vont pas beaucoup réfléchir », déclare l’un d’eux, qui ne tient pas à se faire connaître. Elles suivraient ainsi l’exemple de leurs homologues américaines, qui ont jeté par-dessus bord leurs programmes « DEI » dès l’arrivée de Trump à la présidence.
Cela devrait être assez simple car, comme l’ajoute ce patron anonyme, « il n’y a pas de véritable politique de discrimination positive en France ». Les rares obligations ne sont pas respectées : seules 30 % des entreprises de plus de 20 salariés atteignent le quota légal de 6 % de travailleurs handicapés, et bien que l’égalité entre hommes et femmes soit inscrite dans la Constitution depuis 1946, les femmes gagnent en moyenne 22 % de moins que les hommes dans le privé. Loin de reculer, les discriminations envers les femmes et les minorités sont en forte augmentation en France ces dernières années, comme le relève le dernier rapport de la Défenseure des droits, publié le 25 mars.
Si les patrons français ont des valeurs, comme le dit Patrick Martin, ils prennent soin de ne pas les user en s’en servant, et les gardent précieusement pour les discours et les plaquettes publicitaires.