Soudan : abominable guerre26/03/20252025Journal/medias/journalnumero/images/2025/03/une_2956-c.jpg.445x577_q85_box-17%2C0%2C3294%2C4244_crop_detail.jpg

Dans le monde

Soudan : abominable guerre

Au Soudan, après deux ans de guerre, l’armée soudanaise a repris le palais présidentiel aux Forces de soutien rapide. Elle est en passe de contrôler toute la capitale, Khartoum. Cela ne mettra pas fin pour autant au conflit sanglant entre deux chefs militaires qui ravage le pays.

Lorsqu’un puissant mouvement populaire avait renversé en avril 2019 le dictateur Omar Al-Bachir, le chef de l’armée officielle, Al- Burhane, et celui des Forces de soutien rapide, Hemetti, avaient fait mine de partager le pouvoir avec des civils portés par la vague de contestation. Ils n’avaient pas tardé cependant à se retourner contre eux et à réprimer sauvagement tous ceux qui contestaient leur mainmise sur le pays. Cette alliance entre les deux bourreaux n’a guère duré. L’armée d’Al-Burhane était forte de ses chars, de ses hélicoptères et de ses avions de combat. Les Forces de soutien rapide étaient quant à elles issues des cavaliers janjawid qui avaient mis à feu et à sang la région du Darfour, avant d’être équipés d’armes modernes pour constituer une force indépendante de l’armée officielle. Le 15 avril 2023, la guerre entre les deux bandes armées et leurs chefs respectifs fut déclarée.

Depuis, tout le Soudan a été ravagé par les deux armées. Les deux camps n’ont reculé devant aucune horreur pour gagner du terrain. Neuf millions de Soudanais sur les 50 millions d’habitants que compte le pays ont dû fuir loin de chez eux. Deux millions et demi se sont réfugiés dans d’autres pays, en particulier au Tchad voisin. Villes et villages ont été bombardés et rasés, tandis que l’infanterie envahissait les habitations, violait les femmes, torturait et exécutait les hommes. Les deux camps se sont ingéniés à réveiller les anciens conflits communautaires et à enrôler les populations dans des milices rivales, ajoutant encore à l’horreur.

Les dirigeants des pays voisins se sont pour leur part appliqués à alimenter ce conflit sanglant, l’Égypte derrière Al-Burhane, les Émirats arabes unis avec Hemetti. Ces pays figurent parmi les principaux clients des marchands d’armes français, anglais et américains et une partie de leur arsenal a pris le chemin du Soudan.

Aujourd’hui, Hemetti contrôle l’Ouest du pays, dont le Darfour, et Al-Burhane le reste du territoire. Les combats continuent. Peut-être s’achèveront-ils par une nouvelle partition du pays, comme celle qui avait donné naissance en 2011 au Soudan du Sud, là aussi à l’issue d’une interminable guerre. L’impérialisme réserve à la population des pays pauvres de telles dictatures, nécessaires à sa domination, et quand ses serviteurs se déchirent c’est la population qui paye.

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